Sur Instagram, n’avez-vous jamais fait défiler une page jusqu’à vous arrêter sur un portrait, dont le sujet a fini par vous faire un clin d’œil au bout d’une seconde ou deux ? Si tel est le cas, vous avez probablement vu un cinémagraphe, cette combinaison entre une photo et une image animée. La première fois, on est souvent pris au dépourvu, tandis que notre cerveau commence à comprendre ce qu’il voit. C’est cette attention particulière qui fait que les cinémagraphes gagnent en popularité, d’autant que les marques se battent pour gagner votre attention qui reste très limitée en ligne.
Virgo Haan est maître dans l’art du cinémagraphe. Après avoir assisté plusieurs photographes, il a finalement choisi de poursuivre sa carrière dans une agence de publicité, où il a approfondi ses connaissances sur le monde émergent du marketing en ligne et a appris à attirer l’attention du public. Pourtant, la source d’inspiration qui l’a conduit à devenir l’un des chefs de file de la photo animée est un peu plus surprenante : Harry Potter.
« Aux alentours de 2011, j’ai vu l’un des films de la saga Harry Potter, » explique-t-il, « on y voit les personnages lire un journal dont les illustrations s’animent. Je me suis rendu compte à quel point ce serait cool de créer des images fonctionnant sur la même base. »
Une graine avait germé, mais ensuite ?
« Quelques mois plus tard, » raconte-t-il, « j’ai lu un article sur deux photographes, Kevin Burg et Jamie Beck, qui avaient inventé un tout nouveau concept photographique, le cinémagraphe. J’ai tout de suite su que je voulais m’y mettre. »
Le concept qui se cache derrière le cinémagraphe est relativement simple. Imaginez deux calques, celui du haut étant une image fixe dont une zone a été découpée. Prenons l’exemple d’un portrait où la découpe a été faite au niveau des yeux du sujet. En dessous de ce premier calque, un autre calque en tout point identique, mais sur lequel le sujet cligne des yeux. La découpe dans la partie supérieure laisse apparaître le mouvement du calque animé qui se trouve en dessous. Le résultat dans ce cas précis ? Une image dont le sujet cligne des yeux, sans qu’aucun autre mouvement de tête ou des muscles du visage ne soit perceptible.
Ce ne sont pas les trucs et astuces qui manquent pour la création de cinémagraphes. Bien entendu, le cadre doit rester parfaitement immobile pour l’enregistrement vidéo et un trépied est indispensable. Les sujets aussi doivent rester figés, sauf pour la partie en mouvement. Il arrive que l’on ait recours à des supports ou toute autre installation improvisée pour qu’ils puissent garder la pose.
Ensuite, il y a le mouvement lui-même. Virgo explique qu’il existe trois types de boucles pour créer un cinémagraphe. « Des éléments comme les nuages peuvent être exploités pour créer des boucles en fondu. En les faisant disparaître et réapparaître de façon continue, vous créez l’illusion que les nuages sont en mouvement », explique-t-il, « viennent ensuite les boucles à effet rebond où la trajectoire de la boucle est inversée dès qu’un point cible est atteint. Les clignements d’yeux en sont un parfait exemple. Le sujet ouvre les yeux, puis la séquence est inversée pour revenir au point de départ. Enfin, il y a la boucle à transition brusque pour laquelle il faut s’assurer que le mouvement commence et se termine au même endroit. C’est généralement la plus difficile à réaliser et celle qui demande le plus de pratique. »
Cela peut paraître compliqué, mais la technologie utilisée pour créer les cinémagraphes est accessible à tous. Grâce à son Sony α7R II, Virgo peut capturer aussi bien ses images fixes haute résolution que ses vidéos 4K, tout en conservant exactement les mêmes paramètres de couleurs. Ainsi, les images concordent parfaitement lorsqu’il les édite dans Adobe Photoshop. Les applications logicielles permettant de créer des cinémagraphes sont nombreuses, mais pour les débutants, Virgo recommande d’essayer Flixel, disponible à la fois en tant qu’application et logiciel de bureau.
L’Eye-AF et la prise de vue silencieuse sont d’autres fonctionnalités du Sony α7R II dont Virgo se sert pour créer ses cinémagraphes. L’Eye-AF lui garantit que l’œil sera toujours bien net, même avec son objectif FE 85 mm f/1.4 GM, tandis que l’obturateur silencieux lui permet de ne pas distraire les sujets.
Bien que les cinémagraphes soient conçus pour être utilisés en ligne et vus sur de petits écrans, la résolution de l’image reste une composante importante pour Virgo, ce qui s’est notamment vérifié dans l’un de ses récents projets pour un magazine de mode. « La série d’images devait être lumineuse et colorée », explique Virgo, « mais je voulais également qu’elle aborde le sujet de la surconsommation. Si vous regardez attentivement, vous verrez que les personnages mis en scène font pousser des voitures ou des hamburgers dans des pots, comme s’il s’agissait de plantes. Ces images ont été imprimées en tant que photos sur les pages du magazine, mais grâce à une application de réalité augmentée, il était possible de parcourir la page sur son smartphone pour voir l’image prendre vie tandis que le cinémagraphe s’animait sur l’écran. »
En quelque sorte, une reproduction de la scène vue dans Harry Potter quelques années plus tôt.
Crédits photographiques :
Assistant : Jaanar Nikker
Modèle : Gertrud (E.M.A Model Management)
Coiffure et maquillage : Maret Ubaleht
Prêt-à-porter : Kriss Soonik, Tallinn Dolls, Embassy of Fashion
« Je m’efforce de faire en sorte que mes créations prennent le dessus sur la vie quotidienne. »